Nouvelles de "l'Ecole du Village" vidéo & photos.

Vidéo de "L'école du village" de Torbeck en Haïti:

Le 2 janvier 2014:

Myriam s’occupe maintenant de deux classes du primaire parce que Mme Jeannette (ancien professeur dans plusieurs écoles traditionnelles haïtiennes), qui avait la 6^ème classe, et qui venait de finir d’être formée, a quitté l’école pour devenir maire de Torbeck. Myriam a donc repris la 6^ème classe en plus de la 4^ème classe qu’elle gérait avec Mr Frantz, qui est en formation depuis avril dernier. 

 A la rentrée scolaire cette année, il y avait beaucoup d’élèves absents. Myriam et Florence, qui a passé un mois en octobre à l’école, ont pensé que la raison pour laquelle les enfants ne venaient pas à l’école était l’absence de livres dans les classes. Elles ont donc essayé d’en trouver aux Cayes et ont fait des photocopies pour les élèves.

 Cette année, au jardin d’enfants, il y a un groupe de tout-petits, ils ont entre 2 ans ½ et 3 ans. Matide, jardinière, a un très bon contact avec les enfants. Son mari a commencé à être formé comme jardinier d’enfants et il s’adapte très bien et a un a contact très doux avec les enfants.

 Le dernier séminaire des professeurs a été mené par Christella et Kerry (professeurs de la 1^ère et de la 3^ème classe). Ils ont repris tout ce qui avait été étudié pendant les séminaires de l’année dernière et ont fait un compte-rendu très riche. Christella a passé l’examen de formation de professeur brillamment et les enfants de la classe de Kerry ont fait beaucoup de progrès en calcul.

 Les volontaires, Aurélie et Marie, sont rentrées le 23/12 après avoir passé 3 mois à « l’Ecole du Village ». vous pouvez trouver ci-dessous leurs témoignages . Aurélie m'a fait parvenir des photos récentes et elle a également ramené de nombreux bijoux fait par un artisan haïtien qui sont en vente au profit de l'école. Christophe, un autre volontaire arrivé en octobre, s’occupe du jardin avec les enfants de l’école. Il reste jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Samuel et Mathilde sont arrivés à l’école il y a un mois avec leur petit garçon, Iliès et travaillent également comme volontaires à l’école. Samuel fait des travaux dans l’école : avec Christophe et Joseph, il a réparé la palissade qui sépare le jardin d’enfants de l’école primaire, avec des bambous.

Les toilettes commencées en mai dernier ne sont toujours pas finies. Il y a un problème avec la cuve en fibre de verre qui s’est tordue et avec le trou qui se rempli sans cesse d’eau.

Mathilde va remplacer Marie et s’occuper des enfants en difficultés qui ont besoin d’une prise en charge plus individuelle et de Ti Frantz, qui est un enfant de 15 ans qui vient de l’orphelinat de sœur Flora. Elle a voulu le scolariser à « l’Ecole du Village ». Il est assez « rebel », mais commence a prendre gout à l’école et écoute plus attentivement les histoires et aime beaucoup dessiner. Il vit aux Cayes et fait le trajet tous les jours.

Voici quelques photos (passez votre souris sur la photo pour voir apparaître la légende): 

Voici les témoignages que Marie et Aurélie ont rédigé en novembre 2013:

Aurélie, 27 ans, assistante sociale, volontaire pour 3 mois à l'école du village au jardin d'enfants

« Nous sommes arrivés à l'école du village le 1er octobre avec Florence. L'école était encore fermée mais tous les profs étaient là pour préparer les salles, organiser leur emploi du temps, rencontrer le comité, préparer notre rentrée (réunion de jardinières, réunion des profs).

J'ai donc participé à l'inauguration du nouveau jardin d'enfants que Nico et les autres ont construit. Félicitations à eux d'ailleurs, c'est du beau travail!

Je travaille avec Sagine avec les 4-6 ans et Pauline, Evny et Raynold (stagiaire actuellement mais premier jardinier d'enfant!) s'occupent des tous petits, je crois que le plus jeune doit avoir à peine 3ans. Pour cette classe le travail est tout autre que pour Sagine et moi. En effet, les premiers pas à lécole sont difficiles, il faut se séparer de papa et maman pour la première fois peut etre, tenir une matinée entière avec d'autres enfants et des adultes que l'on ne connait pas. Il y a donc eu beaucoup de pleurs. Le travail des jardiniers consistait principalement à les rassurer, les dorloter, leur apprendre à jouer avec les jeux à leur disposition (poupées, dinette, cubes, voitures..) et à jouer avec les autres aussi. Il faut également les seconder pour les repas et leur apprendre à manger seuls. Pour la première fois cette semaine, j'ai pu voir que chaque enfant manger seul à la cuillière tranquillement ce qui était loin d'être le cas jusque la. Florence a passé tout le mois avec cette classe. Elle a été d'une grande aide pour les jardiniers (pas trop de 4 pour 22 élèves je crois). Elle a apporté plein d'astuces pour accompagner les petits vers le jeu, detourner l'attention du départ des parents (installation de hamac dans la cour, arroser les plantes (ca c'est l'activité préférée de Marie!) jouer à la corde, au ballon), et en classe avec des jeux tout simples mais efficaces (cabane avec un tissu entre les chaises, les bercer dans un tissu en leur chantant des chansons..). Florence est rentrée au moment où les enfants commencaient à être plus à l'aise. Sa présence a vraiment été necessaire tout au long du premier mois.

Nous avons également rempli le bac a sable du jardin d'enfants entre volontaires et avec l'aide de Sylvain (fils de Myriam). Cela en trois reprises et deux pannes de voitures! Remplissage aux seaux, sac a riz, pelles et brouette! plutot epique comme moments!

Pour la classe de Sagine et moi, le travail est différent puisque les enfants sont moins nombreux: 14 (quand on est au complet ce qui est très rare car souvent des absents a cause de la boue ou maladie).Il est difficile aussi de vous donner un effectif réel puisque les enfants arrivent au compte-goutte, lorsque les parents ont l'argent pour la scolarité ou pour acheter leur uniforme.

Ils sont autonomes: savent manger seuls, jouer seuls. C'est super de les voir pendant les jeux libres! Ils construisent des cabanes avec les tables de la classe, les filles aiment se faire des petites maisons avec les chaises pour accueillir leurs poupées. Les garçons font plus de constructions avec les Kappla et les cubes ( certains arrivent à faire de magnifiques maisons, l'autre jour, l'un d'entre eux a même essayé de reproduire toute l'école!). Ensemble ils aiment jouer au loup (sauf que eux c'est un chien!).

Chaque jour, nous commencons avec le cercle du matin ( chansons, comptines, jeux de doigts, histoires..) puis nous faisons un petit dejeuner (pain et thé). Ensuite jeux libres, activités (peinture, dessins, bricolage, acitvités manuelles, promenade) récréation et repas. Tous aiment dessiner et le demandent à tout moment. Toutes les activités sont reçues avec beaucoup d'enthousiasme de leur part. Notre rôle consiste davantage à les seconder lorsqu'ils n'arrivent pas à faire quelque chose et les observer aussi parce que bien qu'autonomes, ils n'en sont pas plus prêteurs! Bien souvent il faut gérer des conflits entre les enfants car ici ils sont assez violents entre eux (se mordent, se giflent, se frappent, se jettent des jouets à la figure qui je le rappelle sont en bois!). Ce sont aussi des petits qui réclament chacun leur tour leur petit moment de calins, ou bien lorsqu'ils sont un peu malades, aiment venir se faire caliner par les jardinières. Mais on voit aussi des moments de solidarité et de partage qui se developpent et c'est très interressant: ils aident les moins habiles a se chausser, se rhabiller en revenant des toilettes, se servir. Les enfants participent à tout a tour de rôle: vaisselle, mettre la table, distribuer les assiettes et gobelets. Chaque jour, bien que parfois fatigués, je vois des enfants heureux de venir à l'école, de chanter, jouer! Il faut savoir, si certains l'ignorent encore, que lorsqu'on parle du week end et de ce qu'ils vont faire, chaque enfant répond "aider maman à faire la vaisselle, le linge, aller chercher de l'eau et balayer la cour". Je n'ai jamais entendu d'autre réponse que celles ci, ils ne parlent jamais de jouer. Il semblerait que les seuls moments de jeux où on les autorise à rester a leur statut d'enfants sont à l'école! mais ca ca reste mon observation de "blanche" et bien évidemment, culturellement parlant c'est normal ici, chaque enfant vit son enfance ainsi et je le dis sans jugement aucun.

Pour poursuivre dans les activités préférées de nos tous petits, les cours de tambours et de danse de Jean Brunet sont un vrai régal! Les enfants se lachent, dansent, sautent, mettent leurs petites mains autour de la taille pour se dondinner comme eux seuls savent le faire! c'est très beau à voir et leur sourire une vraie récompense pour nous!

Marie et moi sommes des adeptes du travail de Jean Brunet et avons donc demander à instaurer des cours de danses pour les profs! Ca commence vendredi prochain de façon hebdomadaire. On est ravies!

D'ailleurs, dans les projets impulsés par les volontaires, nous avons fait la demande de sensibiliser les enfants sur la gestion des dechets. Il est vrai que nous avons tous été choqués de voir l'état des rues, des plages, des cours où tout le monde jette ses dechets. La mer est un endroit magnifique mais polluée par toutes ces bouteilles, plastiques, boites..Nous avons donc planifié une journée où nous allons ramasser, avec les enfants, les dechets dans les environs de l'école. Il a été decidé d'une journée par trimestre pour maintenir cette sensibilisation. Reste tout de même quelques questions: ramasser les dechets pour les mettre où? on peut les bruler mais quel est le plus nocif? le verre on ne peut pas s'en debarrasser, il faut le rassembler. Apparemement, les volontaires de l'an dernier on fait la meme chose sur la plage. Les verres ont été déposés dans les fondations. Reste encore cette question que je me pose de plus en plus: est ce qu'on répond à une demande des haitiens ou simplement à notre desir a nous de voir l'endroit plus propre? La encore une question de culture. C'est nous, Blancs , que cela dérange, mais eux semblent vivre avec ca sans problème. En tout cas, ce n'est pas une priorité.

Concernant mon travail dans la classe, j'ai beaucoup seconder Sagine le premier mois, notamment à cause de la barrière de la langue. Peu à peu je prends place dans le deroulement des journées. Chaque matin, je propose un petit temps de gymnastique. Ils trouvent ca rigolo et s'adonnent facilement à l'activité. J'ai également fait développer une photo de chaque enfant et de chaque jardinier pour préparer dans chaque classe du jardin d'enfants, un tableau. il sera plus facile de s'identifier, repérer les absents et il faut dire que les petits adorent se regarder! Nous avons donc commencé a remplir ce joli papillon (apporté par Sagine) avec les photos des enfants. Chacun a participé à découper sa photo et la coller. Cette activité leur a beaucoup plu. On essaye également de decorer la classe avec les chefs d'oeuvre des enfants mais nous manquons de materiel (j'attends justement les pinces a linge que maman doit transmettre à Samuel).

Cette semaine, j'ai demandé à passer du temps dans chaque classe de primaire pour découvrir la pédagogie Steiner pour les plus grands car je suis totalement ignarde en ce domaine.

Je ne pose aucun jugement sur cette pédagogie, j'observe et tente de comprendre ce fonctionnement. Je peux juste témoigner de mes propres réflexions à ce sujet.

Personnellement, je trouve ça fabuleux de permettre aux enfants des leur plus jeune âge de toucher a tout, les laisser decouvrir tout type d'art, activités manuelles, sans complexe. J'aurais aimé moi aussi, petite, appréhender tout ces possibles puisqu'il m'est bien plus difficile aujourd'hui en tant qu'adulte de me lancer dans une activité qui me plait! Ici ils osent, se lancent et réussisent très bien! Moi à 27 ans je me vois en train de prendre plaisir à reproduire des dessins au tableau comme les tout petits! Je suis épatée par les dessins des profs qui sont magnifiques! c'est sûr qu'avec tout cet environnement ca donne forcément envie d'apprendre davantage que nos cours magistraux et lecons à apprendre. Néanmoins, mon seul bémol reste le temps d'apprentissage scolaire pur qui est bien moins important que dans d'autre système scolaire. Je m'interroge sur ce qui est le mieux, je n'ai bien evidemment pas de réponse, mais pour ma part, je me dis qu'un bon mélange des deux serait mon idéal.

En tout cas, le systeme français devrait a mon avis se nourrir allégrement de cette façon d'aborder l'enfant, de l'ouvrir au monde. Je me dis que cette pédagogie n'a pas pour visée de les faire devenir tous des ingénieurs mais c'est une belle entrée dans la vie, dans la construction de soi. Au final, quel est le plus essentiel des deux? je crois que j'ai ma réponse.

Marie, 62 ans, infirmière, volontaire pour trois mois à l'école du village:

Je suis arrivée le 4 octobre avec Christophe, juste pour la rentrée scolaire....sans trop savoir ce qui m'attendait ,ni ce à quoi je pourrais bien être utile ...

j'ai trouvé cette rentrée bien folklorique dans cette jolie école....avec tous ces beaux uniformes ,ces rubans bleus ,ces petits enfants bien chahuteurs qui semblaient ignorer ( comme tout le monde ici ... )les horaires...

la rentrée s'est échelonnée sur toute la semaine et j'ai donc pu prendre doucement la température des grandes classes auxquelles j'étais rattachée .J'ai été touchée par tous les rites qui jalonnent le déroulement de la journée :les chansons des débuts et fins de classes,le lavage des mains ,le partage des repas ,la vaiselle ...et j'ai trouvé que ces petits enfants ,si "desord "par ailleurs , sont ,à ces moments là ,plus disciplinés que nos petits français !....

Myrian m'a demandé de prendre en charge ceux des plus grands qui n'ont pas encore réussi à adhérer à l'apprentissage de la lecture et l'ecriture.

Je prends donc en charge Peterson, 11 ans, qui n'a jamais été beaucoup scolarisé jusqu'à aujourd'hui, et Ti Frantz , 14 ans, envoyé par Soeur Flora de l'orphelinat de l'île à Vache. Tous deux sont dyslexiques. Nous avons commencé en modelant les lettres, en les faisant danser dans tous les sens et en les combinant les unes avec les autres, en jouant donc...

Ce n'est bien sûr pas gagné mais un mois après ils connaissent tous les deux 20 lettres et les sons "on" "en" et "ch". Ils ont montré hier tous les deux fièrement leur dictée à Myriam et leurs dessins révèlent maintenant des enfants plus strucuturés et plus heureux. Ils semblent très fiers de leur uniforme...

Ils n'ont encore qu'un tout petit potentiel de concentration et une heure le matin est grandement suffisant pour eux.

Je suis beaucoup plus exigeante qu'eux et ils mettent souvent mon potentiel de patience en péril. Il m'est bien difficile de les faire tenir en place. ils préfèrent le dessin, la flûte et surtout la danse. .. ils sont quand même bien attachants !.

Je m'occupe aussi de deux enfants en difficulté dans la sixième classe, Rivaldo, qui revoit toutes ses bases de lecture et Ritza, la seule fille des trois dernières classes. Et oui, elles sont plus utiles à la maison, et l'école, payante ne semble pas une priorité. Elle revoit sa grammaire et elle est même revenue travailler avec moi un jour où il n'y avait pas d'école! Avis aux petits francais!

Je fais aussi la "miss", c'est à dire l'infirmière qui soigne les petits bobos (brûlures de moto taxi, les abscès et les grosses fièvres). Ca me permet un contact privilégié avec les petits et grands malades. Mais biensur mes moyens et mes capacités sont insuffisants.

Après 5 semaines, le bilan que je tire de mon expérience ici est positif. Même si je dois le reconnaître, les premières semaines ont été bien difficiles. J'avais du mal à supporter que rien ne marche, que tout tombe en panne, que les choses n'aillent pas plus vite... Et pour moi qui ne suis pas de formation steinerienne, j'avais très envie de les voir travailler davantage!

J'aime à penser qu'à la sortie de l'école du village, ils puissent passer des examens et se debrouiller dans leur pays.